Prolongée jusqu'au 7 janvier 2018
Nous vous proposons ici de découvrir des ressources (interviews, publications, etc.) autour du thème de l’exposition « Shoah et bande dessinée ».
Publication
Catalogue de l’exposition Shoah et bande dessinée, une coédition Mémorial de la Shoah/Éditions Denoël Graphic 2017 (144 pages, 200 illustrations) –29,90€
Ce catalogue a reçu une mention spéciale du Prix CatalPa 2017.
En vente à la librairie du Mémorial de la Shoah ainsi que sur la librairie en ligne. Découvrez également de nombreuses bande dessinées sur le thème de l’exposition à la librairie et en ligne !
Aucun événement historique n’échappe à la fiction. Avec prudence, parfois avec génie, la bande dessinée s’est aventurée, comme la littérature et le cinéma, sur le terrain de la Shoah. Chacun connaît Maus d’Art Spiegelman. Mais par-delà ce chef-d’œuvre, comment et depuis quand les auteurs graphiques se sont-ils emparés du sujet ? C’est à ces interrogations que répond l’exposition Shoah et bande dessinée proposée par le Mémorial de la Shoah en 2017. Ce livre s’en fait l’écho, en approfondit le questionnement et donne à voir comment l’image au service de la mémoire a fait passer l’horreur indicible de l’ombre à la lumière.
Didier Pasamonik, éditeur, journaliste, commissaire d’expositions, dirige en outre les numéros spéciaux BD de L’Express (dernier paru : Gotlib). Joël Kotek, politologue et historien belge, est professeur à l’Université libre de Bruxelles et enseignant à Sciences Po Paris. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à la Shoah et aux génocides.
La parole des commissaires de l'exposition
SHOAH ET BANDE DESSINÉE : DE l’OMBRE À LA LUMIÈRE
1942-2017 : 75 ans de représentations de la Shoah dans la bande dessinée
De 1942 à nos jours, des centaines d’artistes ont dessiné la Shoah. À mesure que les victimes et les témoins de ce crime unique dans l’histoire disparaissent inéluctablement, la question de sa représentation devient de plus en plus centrale. Le curseur se place entre la transcription réaliste, factuelle, de l’horreur, de sa vérité et de son historicité, et son évocation proprement artistique la plus libre possible.
Depuis plusieurs années, et en particulier en ce moment où la bande dessinée occupe de façon massive les cimaises des plus grands musées, elle s’affirme comme un outil de transmission de mémoire et de médiation de première ampleur. Beaucoup connaissent Maus, le chef d’œuvre d’Art Spiegelman, mais d’aucuns seront surpris de découvrir l’ampleur et l’originalité des BD qui traitent de la Shoah depuis la guerre […].
Loin d’être exhaustive, l’exposition aiguise le regard sur ce médium et nous serons attentifs aux sorties prometteuses de l’année à venir, dont certaines planches se trouvent en exclusivité dans l’exposition. Ce sont non seulement près de 75 ans de représentations de la Shoah qui vous sont présentées cette année au Mémorial, mais autant de créations exemplaires de la créativité dans la bande dessinée mondiale.
Marie-Édith Agostini, Joël Kotek et Didier Pasamonik.
Quelles œuvres pourrez-vous admirer dans l'exposition ?
Quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire de la bande dessinée vous seront présentés au Mémorial de la Shoah du 19 janvier au 30 octobre 2017.
On y trouvera les signatures d’Horst Rosenthal avec son exceptionnel Mickey au camp de Gurs, précurseur de Maus, dessiné en 1942 en captivité avant que son créateur ne soit gazé à Auschwitz ; celle d’Edmond-François Calvo, Victor Dancette et Jacques Zimmermann et La Bête est morte !, pionnier de la représentation de la Shoah en BD ; de Jean Graton, futur créateur de Michel Vaillant, dessinant la Shoah pour L’Oncle Paul dans Spirou en 1952 ; de Jack Davis, auteur de la couverture du comics Master Race de Krigstein et Feldstein, première représentation de la Shoah aux États-Unis ; de Will Eisner, le pionnier de la BD américaine qui accompagne ce sujet en filigrane depuis les années 1940 ; de Joe Kubert qui traite du sujet trente ans déjà avant Yossel ; de Wolinski et ses dessins pour Charlie Hebdo ; de Miriam Katin, seule rescapée de la Shoah à avoir réalisé son témoignage en bande dessinée ; de Jean-Philippe Stassen, auteur de Déogratias, « le Maus des Tutsi » ; de Spiegelman bien sûr dont le Maus laisse une trace inoubliable dans l’histoire de la bande dessinée ; de Bilal, notamment auteur de l’affiche de l’exposition ; de David Lloyd, le dessinateur de V for Vendetta d’Alan Moore ; de l’Israélien Michel Kichka et son Deuxième génération, et des dizaines de grands artistes qui vont des classiques Paul Gillon et José Muñoz à des auteurs plus jeunes comme le Polonais Krzysztof Gawronkiewicz, l’Israélien Asaf Hanuka, Eisner Award du meilleur auteur étranger 2016, l’inquiétant dessinateur britannique John Coulthart ou l’élégante illustratrice Fanny Michaëlis.
Les commissaires de l’exposition.
L'affiche de l'exposition
La peinture qui a servi pour l’affiche de l’exposition Shoah et bande dessinée a été réalisée par Enki Bilal, réalisateur, dessinateur et scénariste de bande dessinée. Il y associe ces quelques mots :
« Chacun est libre d’interpréter ce dessin. Il y est question de libération, d’indestructibilité, d’éternité… Mais les mots sont faibles dans certains domaines. »
Interview de Chris Claremont, scénariste mythique du comic book "X-Men"
Chris Claremont, l’homme qui fit de Magneto un rescapé de la Shoah. / propos recueillis par Philippe Guedj.
(Texte intégral disponible dans le catalogue Shoah et bande dessinée, 2017 © Mémorial de la Shoah / Denoël Graphic.)
Scénariste mythique du comic book X-Men entre 1975 et 1991, Chris Claremont a fait entrer le titre dans l’âge adulte en attribuant au mauvais mutant Magneto un passé tragique directement lié à la Shoah. En préambule de son passage à Paris en janvier 2017, le génial auteur a bien voulu nous livrer quelques clés de son inspiration.
Votre séjour dans un kibboutz, en 1970, a-t-il posé la première pierre de votre réflexion à venir sur les origines juives de Magneto ?
Ce fut en effet une expérience qui m’a profondément marqué. C’était en 1970, j’avais 20 ans, l’Amérique était engluée jusqu’au cou au Vietnam, où je n’avais aucune envie d’aller combattre. J’étais étudiant dans une petite fac de gauche dont l’un des profs de théorie politique était le mari de Hannah Arendt. En janvier et février, l’école fermait pour nous inciter à aller faire un stage de terrain complémentaire avec nos études théoriques. L’année d’avant, j’avais d’ailleurs fait mon stage chez Marvel et là je voulais vraiment trouver quelque chose en rapport avec la théorie politique, une matière qui me fascinait. Une annonce dans The Village Voice évoquait la possibilité de faire une alya dans un kibboutz en Israël […]. En janvier, je suis donc parti pour Tel Aviv via Paris et j’ai passé deux mois à travailler dans un kibboutz, dans la vallée d’Elah, près de la frontière jordanienne, là où, m’apprit-on, David avait combattu Goliath […].